Time and consciousness – Bergson’s intuition

Le_Voyage_dans_la_lune

 

[E] A great number of my cells gets renewed from one moment to the next. My neurons modify their connections. The very matter of my body is made of particles transforming never endingly in  a constant exchange of energy.

My individuality has  shaped on this moving foam. And this construction is strong enough so that, despite my growing up and other events of my life, it remains identical to what it was a year, a few days or twenty years ago. Even if looking at myself in a mirror or scanning the way I am, I may think “how I have changed!”, I am convinced that it is the same “Me”.

The notion of identity and its persistency have been treated a lot in the Western philosophy (Aristotle, Parmenides, Leibniz). Descartes uses even it as the main assumption of his philosophy:

(…) I supposed that all the objects (presentations) that had ever entered into my mind when awake, had in them no more truth than the illusions of my dreams. But immediately upon this I observed that, whilst I thus wished to think that all was false, it was absolutely necessary that I, who thus thought, should be somewhat; and as I observed that this truth, I think, therefore I am, was so certain and of such evidence that no ground of doubt, however extravagant, could be alleged by the sceptics capable of shaking it, I concluded that I might, without scruple, accept it as the first principle of the philosophy of which I was in search.

From Kant the Western philosophy becomes interested in the process of knowing the World (beginning of phenomenology). But the aimed object is always external. Schopenhauer explores further and envisages that the World I know is a construction of my mind. But he does not study the fact that the Ego could be a construction as well.

Nearer to us, the psychoanalysis studies the internal construction of the Ego. Freud and Lacan consider it as imaginary; nevertheless it lays over a real (and permanent ) structure: the “id” (German Das).

Hence, the reality of the Ego (called Consciousness or Subject) is considered as obvious in the Western philosophy.

The notions of the Ego and of the Memory have taken advantage of the technical and scientific progress. Particularly Bergson who analyses the process of Memory, illustrates his theory thanks to the kinetic illusion: the persistency of images on the retina shapes in the thought an illusion of motion although the eye got only a discontinuous series of images. He assumes that the Memory also stores a discontinuous series of events. But he stops before dealing with the thinking subject itself, i.e the Ego .

Why would only the retina cells be persistent? No instantaneous chemical reaction exists be it in inert or living matter. In other words reconstructing at every moment the context (perceptive or cognitive) required for a human consciousness is materially impossible. A trace of the near past inevitably remains in the neurons. And this trail enables the Ego to appear.

 The Ego is an illusion resulting from a persistence as well.

[F] D’une seconde à l’autre, une grande partie de mes cellules se renouvelle. Mes neurones modifient leurs connexions. La matière même de mon corps est constituée de particules se transformant de façon incessante avec un échange permanent d’énergie.

C’est sur cette écume mouvante que s’est constituée mon individualité. Et cette construction est suffisamment solide pour qu’en dépit de ma croissance et d’autres événements de ma vie elle demeure identique à ce qu’elle fut il y a une heure, quelques jours ou vingt ans. Même si, me contemplant dans un miroir ou examinant ma façon d’être, je remarque “qu’est-ce que j’ai changé !”, une conviction demeure que c’est toujours “Moi”.

La notion de l’Identité et de sa persistance ont été abondamment traitées dans la philosophie occidentale (Aristote, Parménide, Leibniz, etc.). Descartes en fait même le postulat premier de sa philosophie :

(…) je me résolus de feindre que toutes les choses qui m’étoient jamais entrées en l’esprit n’étoient non plus vraies que les illusions de mes songes. Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulois ainsi penser que tout étoit faux, il falloit nécessairement que moi qui le pensois fusse quelque chose; et remarquant que cette vérité, je pense, donc je suis, étoit si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’étoient pas capables de l’ébranler, je jugeai que je pouvois la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la philosophie que je cherchois.

A partir de Kant la philosophie occidentale s’intéresse au processus de connaissance du Monde (c’est le début de la phénoménologie). Mais l’objet envisagé est toujours extérieur. Schopenhauer explore plus loin la question et envisage que le Monde que je connais est une construction de mon esprit. Toutefois il s’arrête avant d’examiner si le Moi lui-même pourrait également être une construction.

Plus près de nous la psychanalyse s’intéresse à la structuration interne du Moi. Freud et Lacan le tiennent pour illusoire (ou imaginaire) ; en revanche il est posé au-dessus d’une structure, elle, bien réelle (permanente) : le Ca.

La réalité du Moi (souvent nommé Conscience ou Sujet) est donc considérée, dans la philosophie occidentale, comme une évidence.

Les conceptions du Moi et de la Mémoire ont bénéficié des apports scientifiques et techniques. En particulier Bergson, qui analyse le processus de la Mémoire, illustre son propos à l’aide de l’illusion cinématographique : c’est la rémanence des images captées sur  la rétine qui forme dans notre pensée l’illusion d’un mouvement car l’œil en réalité ne reçoit qu’une série discontinue d’images. Pour lui la Mémoire fonctionne sur le même principe : c’est une succession d’instants discontinus. Mais il s’arrête avant de s’attaquer au Sujet pensant lui-même, c’est-à-dire le Moi.

Pourquoi seules les cellules de la rétine seraient-elles atteintes de rémanence? Aucune réaction chimique n’est instantanée que ce soit dans la matière inerte ou vivante. En d’autres termes reconstruire à chaque instant le contexte (perceptif, cognitif, etc.) nécessaire pour une conscience humaine est matériellement impossible. Dans les neurones subsiste nécessairement une trace du passé immédiat. C’est ce sillage qui permet l’émergence du Moi.

Le Moi est également une illusion résultant d’une rémanence.

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